Version de la "RTBF" du mardi 12 juillet 2016 à 18h47
L'Etat français jugé responsable de l'assassinat d'un militaire par Mohamed Merah
La justice française a jugé mardi l’État en partie responsable de la mort d'un militaire tué en 2012 par un jihadiste, Mohamed Merah, dont les services de renseignement avaient arrêté quelques mois plus tôt la surveillance. (Faux! Voir l'article plus bas).
Merah, délinquant âgé de 23 ans sombré dans l'islam radical, avait semé la terreur en mars 2012 dans la région de Toulouse, en assassinant en quelques jours trois militaires, trois enfants juifs et un enseignant d'une école juive de Toulouse.
Il avait ensuite été tué le 22 mars par la police dans un appartement de la ville où il s'était retranché.
Saisi par le père d'un des soldats victimes de sa randonnée meurtrière, le tribunal administratif de Nîmes a estimé que l'abandon fin 2011 de la surveillance de Merah constituait "une faute engageant la responsabilité" des pouvoirs publics. Aux yeux des magistrats, cette décision "a compromis les chances d'empêcher un attentat".
Comportement "hautement suspect"
Le tribunal a relevé "la difficulté de la mission" des services de renseignement en matière de surveillance antiterroriste, mais il a pointé du doigt "le profil de Mohamed Merah" et le "caractère hautement suspect de son comportement, établi depuis plusieurs années".
Merah, qui s'était rendu en Afghanistan et au Pakistan en 2010 et 2011, faisait l'objet "depuis 2006, de l'attention des services de renseignements" pour sa fréquentation des milieux de l'islamisme radical et son appartenance à cette mouvance, ont rappelé les juges.
Après les tueries de 2012, le ministre de l'Intérieur français de l'époque, Claude Guéant, avait déclaré que "personne (n'avait) jamais décelé d'intention criminelle chez lui", d'où la décision de stopper sa surveillance.
"Maintenant que j'ai obtenu satisfaction, je vais attaquer les personnes nommément. Il y a des gens qui étaient responsables et qui n'ont pas fait leur travail", a ajouté Albert Chennouf Meyer, dont le fils Abel avait été abattu avec un autre soldat le 15 mars 2012.
Version du magazine "Le Point" du 10/07/2012 à 12:36.
EXCLUSIF. La DCRI téléphone à Merah 2 heures après la tuerie d'Ozar-Hatorah
Le renseignement intérieur était bien en contact avec le tueur de Toulouse au point de l'appeler régulièrement.
Par Aziz Zemouri et Armel Méhani
Les fadettes de Mohamed Merah ont parlé. Les factures détaillées de son numéro de portable apportent leurs lots de révélations. On y apprend que la DCRI a eu huit contacts téléphoniques avec le tueur de Toulouse et Montauban entre le 22 octobre 2011 et le 19 mars 2012, jour où le djihadiste a assassiné quatre personnes, dont trois enfants, à l'école confessionnelle Ozar-Hatorah à Toulouse.
Ce 19 mars 2012, alors que le terroriste venait de commettre ses crimes, il reçoit deux appels qui sont directement transférés sur son répondeur, l'un à 10 h 49, l'autre à 12 h 2, soit quelques heures seulement après l'effroyable tuerie. Les fonctionnaires l'avaient-ils déjà identifié comme suspect ? Si oui, pourquoi avoir attendu qu'il se retranche chez lui, deux jours plus tard, pour procéder à son interpellation ?
Certains policiers de la DCRI sont soupçonnés par la Justice d'avoir fait fuiter, à TF1, l'enregistrement audio des négociations entre Mohamed Merah et un agent local de la centrale du renseignement, laissant croire à une faute personnelle de ce fonctionnaire pour sauver l'institution. À la lecture des fadettes, le mystère demeure entier concernant les liens entre la DCRI et Mohamed Merah.
En contact avec un djihadiste condamné
Au sein de l'antenne locale du service de renseignement, si on confirme au vu des fadettes que c'est bien un agent local qui a été régulièrement en contact avec Mohamed Merah, les rapports écrits ont tous été envoyés au siège à Levallois. "Tous nos documents sont à la disposition des magistrats, ils peuvent venir les chercher. Nous n'avons aucune raison de croire que la direction de la DCRI traîne les pieds pour aider à la manifestation de la vérité."
Par ailleurs, la surveillance téléphonique de Mohamed Merah aurait pu intriguer les fins limiers de la DCRI. Durant la période qui précède son premier crime, il passe ou reçoit une vingtaine de coups de fil par jour. Outre sa famille, il est en conversation régulière avec Sabri E., qu'il appelle - une soixantaine de fois - beaucoup plus souvent que sa mère. Sabri E., un Toulousain, a été arrêté en 2006 à la frontière entre la Syrie et l'Irak alors qu'il s'apprêtait à combattre l'armée américaine. Il a été condamné en 2009 pour sa participation à une entreprise terroriste et a effectué quatre ans de prison à Fleury-Mérogis.
En décembre 2011, un nouvel interlocuteur de Mohamed Merah apparaît. Il s'agit d'Olivier Philippe C., soupçonné d'avoir régulièrement aidé des salafistes toulousains à se rendre au Moyen-Orient. Placé en garde à vue à plusieurs reprises, il n'a jamais été poursuivi. Des salafistes radicaux au banditisme, Mohamed Merah n'était, semble-t-il, pas très regardant dans ses relations. En épluchant son relevé téléphonique, les policiers ont identifié plusieurs personnes connues pour trafic de stupéfiants, vols à main armée et/ou violences. Des contacts réguliers vivant dans le Sud-Ouest, mais également à Paris et en région parisienne.
Voir aussi: Mohamed Merah travaillait pour les RG (Le Point) Modifié le - Publié le | Le Point.fr
Un incroyable débat sur l'affaire Merah.
Conclusion en vidéo (france2) , la DCRI fait comme le FBI.
VIDEO. Le FBI accusé de fabriquer de faux complots terroristes
Dans cet extrait de l'émission "Envoyé spécial" diffusée le jeudi 12 février, les journalistes ont rencontré Mike German. Cet ancien agent du FBI dénonce les pratiques de l'agence dans une Amérique encore meurtrie par les attentats du 11-Septembre.
Envoyé spécial : Le FBI accusé de fabriquer de faux complots terroristes
version longue:
Pendant vingt-cinq ans, Mike German a travaillé comme agent spécial du FBI. En 2004, il démissionne après avoir dénoncé les dérives de la lutte antiterroriste aux États-Unis. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, débusquer les terroristes est devenu la priorité numéro un. Sur le terrain, des informateurs ont pour mission d'identifier des cellules antiterroristes avant qu'elles ne passent à l'action. Sous pression, certains auraient été poussés à créer de toutes pièces des cellules intégristes.
Des affaires fabriquées de toutes pièces
Mike German décrit un système bien rodé : l'agence attirerait des musulmans dans ses filets à l'aide d'agents infiltrés qui vont les pousser à faire l'apologie d'actes de terrorisme. Dans ces cellules identifiées par l'agence, ni armes, ni ressources, ni complot avant l'arrivée de ces informateurs, prêts à souffler mot pour mot à leurs contacts les délits pour lesquels ils seront condamnés. L'ancien agent explique à la journaliste Virginie Vilar la méthode mise en place par le FBI, prêt à fournir des armes, de l'argent ainsi que le plan de l'attaque. Pour lui, "c'est de la fabrication d'affaires". C'est aussi la conclusion d'un rapport de l'ONG Human Rights Watch publié le 21 juillet 2014.
Un budget de 3 milliards de dollars
Pour mener la "guerre contre le terrorisme" lancée par le président George W. Bush, le budget du FBI a considérablement augmenté. Il est désormais de 3 milliards de dollars annuels. Pour Mike German, cela ne fait aucun doute : l'agence est tenue par une "politique du chiffre". Il lui faut des coupables à tout prix. "On dirait que le FBI essaie d'entretenir la peur dans l'opinion publique et auprès du Congrès, qui décide de lui donner de l'argent et du pouvoir."
Les Américains musulmans stigmatisés
"La communauté musulmane est suspectée d'office", poursuit-il. "En envoyant des informateurs, le FBI mène plusieurs intrusions dans cette communauté − pas seulement pour fabriquer de faux complots terroristes, mais aussi pour, tout simplement, espionner les musulmans." Cibler une communauté pour sa pratique religieuse est, selon lui, un acte injustifiable dans une démocratie.
Sur Twitter, de nombreux utilisateurs se disent choqués par ces méthodes :
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